La pie bavarde

Pie bavarde
J’ai envie de vous parler de ces beaux oiseaux mal aimés que tout le monde peut observer facilement et puis aussi, parce qu’en ce moment se joue leur classement pour trois ans sur les listes des animaux « nuisibles »  oh pardon, maintenant on dit des « animaux susceptibles de faire des dégâts » !  Les pies ne sont pas dites pas bavardes pour rien. Leurs jacassements incessants les font remarquer. C’est sans doute pour cela qu’on entend souvent dire qu’il y a beaucoup de pies, voir trop. De fait, vu qu’elles sont persécutées dans les milieux agricoles, elles ont colonisé les milieux urbains et les jardins accueillants. Plus proche des gens et bruyantes, forcément, on a l’impression d’en voir plus. En fait, leurs effectifs sont stables voire en légère baisse et dans certaines régions, même nettement en baisse.

Pie bavarde
☞ La pie fait partie des animaux les plus intelligents. Elle est l’un des seuls oiseaux à avoir réussi le test du miroir de Gallup qui démontre que l’oiseau est capable d’identifier son propre reflet. Jusqu’à ce test réalisé initialement avec des chimpanzés, on pensait que seul l’homme était capable de se reconnaître dans un miroir!  La pie est également capable de reconnaître des visages. Des chercheurs sud-coréens l’ont démontré en 2011. Donc ne croyez pas que vous passez incognito. D’ailleurs, des sociétés de sécurité ont dressé des pies espionnes pour reconnaître des individus recherchés !


Pourtant, la pie, est inculpée de bien des crimes – vols de bijoux, pillages de nids, dégâts aux cultures – fait donc partie du club des « nuisibles » . Même si ce concept anthropocentrique qui date du XIXème siècle est dépassé, la loi française s’y réfère toujours, pour massacrer les espèces qui ont ce triste privilège. Parmi les oiseaux visés, les autres corvidés car la pie fait partie de cette famille, donc corneilles, corbeaux, geais des chênes, les oiseaux donc parmi les plus intelligents, tiens tiens ! La pie bavarde est classée «  nuisibles » dans 56 des 95 départements français. Or comme je vous le disais en début d’article, en ce moment, dans les commissions départementales chasse et faune sauvage (CDCFS), on discute du renouvellement pour trois ans de cette liste honteuse qui n’a aucune raison d’être car, maintenant c’est prouvé scientifiquement, chaque espèce a son rôle dans la chaîne alimentaire donc dans la biodivesité. 


Pie bavarde et écureuil
Et les scientifiques ont démontés certaines idées reçues. Rossini et Hergé avec sa Castafiore ont contribué à diffuser cette image d’incorrigible cleptomane. Qui perdure. Pourtant, dans les années 1970 un chercheur polonais a analysé le contenu de 500 nids de pies sans y trouver aucune traces d’objets brillants ! Et en 2014, une chercheuse anglaise a enfin établi scientifiquement que les pies ne sont pas attirées par les objets brillants. Placés à côté de cacahuètes, elles s’en méfient et prennent plus de temps pour s’approcher de la nourriture mais elles finissent quand même par choper les cacahuètes !  Sur la photo, cette pie se demande comment elle pourrait chiper la noix de l’écureuil. Cette fois, l’écureuil a été le plus rusé et a su gardé son trésor !

Pie bavarde
La pie est monogame. Mâle et femelle restent ensemble toute l’année et pendant plusieurs saisons de reproduction. Mais des accouplement extraconjugaux ont parfois lieu. Et certains couples divorcent par exemple après une nidification ratée ou s’ils trouvent un partenaire avec un meilleure territoire.

Le nid en forme de boule est spectaculaire. Les oiseaux commencent par réaliser une charpente solide avec des branches, puis ils installent éventuellement un toit protecteur en rameaux épineux. Ils font toujours deux ouvertures afin de se ménager une porte de secours en cas de visite intempestive. Puis ils passent aux finitions intérieures. Ils le badigeonnent de boue pour former une coupe d’une quinzaine de centimètres de diamètre et d’une dizaine de centimètres de profondeur. Ils isolent ensuite cette cuvette avec des brindilles et des racines fibreuses.

Enfin, les futurs parents la garnissent d’une couche de laine, crin ou plumes. Voilà le berceau douillet est prêt pour leur unique nichée annuelle, une reproduction somme toute très contrôlée donc ! Au total, la construction de ce nid qui peut atteindre plus de 8 kg, leur aura pris plus d’un mois de travail acharné !


17/11/2018 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation.