Jean-Michel Bertrand a la passion de la nature sauvage. Un jour, il décide de filmer le loup sauvage et libre et relève cet incroyable défi. Son film sort aujourd’hui. Sa performance ne sera peut-être pas perçu à sa juste valeur pour le grand public habitué à voir des images de loups proches sans réaliser que celles ci sont tournées dans de grands enclos donnant l’illusion de la nature sauvage. Sachant que le loup est l’un des animaux les plus méfiants qui existent, les naturalistes sauront assurément prendre la mesure de cet exploit.
☞ Le film montre le loup sauvage comme il n’a jamais été filmé mais il raconte aussi la patiente quête de Jean-Michel Bertrand. Son désir de filmer ce fascinant prédateur qui crée la polémique lui est venu un jour d’affût où il est resté des heures, caché au creux d’un rocher, pour écouter le chant nuptial de la chouette chevêchette. Là, dans cette vallée sauvage, très giboyeuse, où il allait bivouaquer avec ses copains lorsqu’il était petit, il réalise que cet immense territoire loin des hommes pourrait bien être idéal pour le loup. Son intuition se transforme rapidement en obsession. Il attendra le temps qu’il faut, des semaines, des mois, voire des années pour rencontrer et filmer le loup sans aide, sans artifice, avec pour seuls alliés, sa passion, sa détermination, sa connaissance du territoire et beaucoup de temps devant lui. Sa quête va finalement durer 3 ans.
Comment s’y prendre ? D’abord repérer, observer à partir de points stratégiques, tout ce qui se passe sur le territoire. Lorsque l’hiver arrive, la neige devient son alliée. Les traces s’y inscrivent facilement. A partir des indices les plus favorables, il installe des caméras automatiques qui se déclenchent au moindre mouvement, de jour comme de nuit. Comme les loups passent beaucoup de temps à surveiller, à contrôler leur territoire et aussi à le défendre, il doit à tout pris en faire partie sans les inquiéter, sans les surprendre. Pour y parvenir, il décide de se déplacer seulement en pleine journée entre 10h et 17 heures, aux heures où les loups bougent le moins, et de systématiquement dormir sur place. Il s’oblige à emprunter les mêmes itinéraires et à bivouaquer aux mêmes endroits (3 ou 4 lieux différents). Il dépose également des petits pipis tout au long de ses parcours.
Jean-Michel Bertrand relève des traces de pas, découvre des crottes, voit la meute filmée par les caméras automatiques mais le loup en chair et en os reste invisible. Quatre mois de solitude, d’espoirs et de désespoirs, ont passé lorsque soudain le mâle alpha est là. Une rencontre de dix secondes et tout semble à nouveau possible. Il lui faudra pourtant encore attendre une année, pour revoir les loups et pouvoir les filmer, une année d’attente à dormir dans son bivouac, à toutes les saisons, affrontant aussi bien le froid de l’hiver que les violents orages de l’été. Mais quelle récompense !
Pour des raisons de sécurité, la vallée alpine où se déroule le film reste secrète. Mais, durant ces trois années, Jean-Michel Bertrand a pu aussi aussi observer les autres animaux qui partagent le territoire du loup : la petite chevêchette tellement irrésistible lorsqu’à son tour elle l’observe, la chouette de Tenglmam, la parade des tétras lyres, le tichodrome échelette et bien d’autres encore. Un film à voir absolument donc.
…
…
…
La vallée des Loups
de Jean-Michel Bertrand
en salle le 4 janvier 2017
…
…
…
04/01/2017 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation.