L’argiope frelon (épeire fasciée)

Vous avez déjà tous admirer ces gouttelettes de rosées qui miroitent dans le soleil rehaussant dans un dessin parfait la toile d’une araignée. Parfois, un épais zigzag blanc brodé en son centre fait office de signature. Quelle est la dentellière qui a réalisé cet ouvrage ?

C’est l’épeire fasciée ou agrippe frelon, une super belle et grande araignée. À quoi sert ce zig zag appelé stabilimentum ? Et bien on ne sait pas. Plusieurs arachnologues le considèrent comme un signal visuel. Selon les uns, il attirerait les proies. Pour d’autres, il contribuerait au camouflage du filet de capture.

Elle doit son nom d’argiope frelon aux bandes noires, blanches et jaunes qu’elle arbore sur son abdomen. Les couleurs vives et contrastées des guêpes ou des frelons mettent en garde les oiseaux et autres prédateurs : attention toxique ! Est-ce également le cas pour cette araignée ? Une étude récente suggère que les bandes colorées sur son abdomen ont un effet inverse sur les insectes : la coloration fonctionnerait comme un piège visuels irrésistibles. Papillons, abeilles et compagnie sont en effet attirés de manière innée par des couleurs vives et contrastées. Pour vérifier cette hypothèse, des scientifiques ont noirci l’abdomen de quelques argiopes. Résultats : les individus maquillés attirent effectivement moins de proies.

Tous les matins, quelques heures avant l’aube, l’argiope fait le tour de sa toile et rattrappe les mailles filées. Elle fait d’abord une pelote avec les fils endommagés et la recycle en l’avalant. Puis, elle rapièce son œuvre avec des filaments de remplacement.


Économie oblige, la soie a un coût en énergie élevé. Ce matériau flexible et ultrarésistant  serait, d’après La hulotte, deux fois plus résistant et quatre fois plus élastique qu’un cable d’acier de taille comparable. Il fascine en tout cas les industriels qui cherchent à s’en inspirer. En vain. Le secret de fabrication est bien gardé. Composée de protéines, la soie est synthétisée par plusieurs glandes localisées dans l’abdomen. D’abord liquide, elle se solidifie en sortant des filières. Chaque araignée en produit plusieurs types différents : fil de construction, fil collant muni de gouttelettes de glu, fil pour emballer les proies ou encore pour tisser le cocon des œufs.

L’argiope frelon passe son temps tapie à attendre qu’une proie vienne s’engluer dans sa toile. Cela peut être un petit moucheron mais aussi un insecte bien plus gros, un criquet par exemple. Quelque soit sa taille, elle se précipite avec une agilité surprenante sur ce repas offert par la providence et l’entoure de fil tout en la mordant pour la paralyser avec son venin. Ensuite, elle la place au milieu de la toile. La table est mise.


Les araignées, c’est le monde à l’envers. Elles digèrent avant d’avoir mangé. Après avoir paralysé sa victime par une morsure, l’argiope frelon régurgite des sucs digestifs et les injecte dans la blessure. Ensuite, elle suce les tissus partiellement digérés de sa proie avec son jabot en forme de paille.

Côté amour, la belle Arachnée n’est pas une tendre. Comme toutes les araignées, la femelle est cannibale et dévore son homme. Il arrive en effet qu’en pleine copulation, l’argiope commence à entourer de fil son partenaire puis qu’elle lui injecte du venin. Quelquefois, le mâle, bien plus petit que la femelle, arrive à prendre la fuite en laissant une patte ou deux derrière lui !

En septembre, l’argiope tricote des cocons, deux ou trois petits ballons brunâtres dans lesquels elle dépose plusieurs centaines d’œufs. Accrochés à la végétation, ils sont parfaitement camouflés par un isolant brun rappelant du vieux papier. Ainsi, bien caché et à l’abri du gel, les petits se développeront pendant l’hiver. Au printemps, ils coloniseront jardins et prairies baignées de soleil en volant suspendus à un fil de soie, les fameux fils de la Vierge.

13/09/2018 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte est soumise à autorisation.