Le métier d’informer en danger

Alexandre-Reza Kokabi, journaliste à Reporterre, vient d’être condamné à payer une amende de 750 € pour avoir fait un reportage sur une action du mouvement écologiste Extinction Rebellion, le 26 juin 2020, sur les pistes de l’aéroport d’Orly. Il est accusé de «.manquement à la sûreté aéroportuaire » Il avait déjà passé dix heures en garde à vue après avoir arrêté avec les activistes.

☞ « Je leur ai affirmé que, en tant que journalistes, notre devoir professionnel est de donner à voir et à comprendre ces actions et les tensions qu’elles suscitent, écrit-il aujourd’hui dans Reporterre. Sans angélisme, sans complaisance, sans oublier de faire vivre le contradictoire, mais en constatant qu’il se joue là quelque chose d’essentiel, d’important à rapporter. C’est pourquoi, pour Reporterre, avec mes chères et chers collègues, j’ai couvert plusieurs actions de décrochage de portraits d’Emmanuel Macron, le blocage des sièges d’EDF, de la Société générale et de Total à La Défense par plus de 2 000 activistes, l’occupation du centre commercial Italie 2 à Paris, du pont de Sully ou encore la neutralisation temporaire de l’industrie du charbon en Allemagne. Je n’étais pas là par hasard, mais pour l’information et après discussion au sein de la rédaction de Reporterre. »  Le quotidien de l’environnement en ligne créé et dirigé par Hervé Kempf a décidé de contesté avec Alexandre-Reza Kokabi de contester l’amende par la voie juridique d’un recours hiérarchique auprès du ministre de l’Intérieur, M. Gérald Darmanin.

Ces dernières années, la liberté d’informer est en ligne de mire des politiques et des industriels. Beaucoup de grands médias appartiennent à des industriels : une dizaine d’oligarques dont Bernard Arnault, François Pinault, Patrick Drahi ou Daniel Kretinsky possèdent près de 90% de la presse française.  Les journalistes sont forcément soumis à des pressions certes plus ou moins fortes selon les supports. Dans le même temps, les nouvelles lois comme les lois «.pour une sécurité globale » ou « séparatisme » présentent bien des aspects liberticides notamment pour la presse.

Parallèlement, se sont constitués des médias indépendants dont Reporterre, Basta, Médiapart à côté de titres comme Charlie Hebdo, le Canard enchaîné, L’âge de faire qui sont toujours restés libres. Et nombreux sont les journalistes, comme Alexandre-Reza Kokabi mais aussi Inès Léraud, Morgane Large, Fabrice Nicolino et bien d’autres, se battent pour exercer leur métier, une information libre et indépendante étant indispensable pour la bonne santé de la démocratie.

J’en profite pour vous informer de la sortie le 13 octobre de mon prochain livre ( voir la couv ) coécrit avec Marc Giraud, porte parole de l’ASPAS. Son titre : Qui veut la peau des écolos – enquête sur les dessous de l’écolobashing. Éditeur : Double Ponctuation. Il y est notamment question de la liberté d’expression mais j’aurais l’occasion de vous le présenter plus en détail dans les semaines qui viennent.

☞ lire « Je refuse d’être condamné pour avoir fait mon travail », l’article de Alexandre-Reza Kokabi paru sur Reporterre


18 septembre 2021 © Danièle Boone