Le peintre Di Rosa rêvait de voyager depuis qu’il était tout petit mais il ne s’imaginait ni dans la peau d’un touriste, ni dans celle d’un peintre voyageur à la Delacroix. Au début des années 1990, il trouve l’angle : aller à la découverte de savoir-faire d’autres cultures.
J’ai toujours beaucoup aimé ce peintre globe-trotteur, fondateur du MIAM (Musée des Arts modestes) à Sète et récemment élu à l’Académie des Beaux-Arts. Ce pionnier de la figuration libre fait une escale au centre Georges Pompidou jusqu’au 26 août pour une mini rétrospective haute en couleur, «Dirosienne » par excellence mais, hélas, bien trop courte puisqu’elle ne présente qu’une trentaine d’œuvres.
☞ Au début des années 1980, Hervé Di Rosa commence à montrer ses peintures. Explosion de couleur, créatures étranges, dessin franc… elles détonnent avec le modernisme abstrait ambiant. Avec ses amis de la Figuration libre, Rémi Blanchard, François Boiron et Robert Combas, le peintre né à Sète en 1959 prône, en effet, une peinture figurative. Les quatre compères revendiquent le droit de faire usage de toutes formes de sources d’inspiration : bande dessinée, télévision, cinéma, rock… L’Attaque de la rue du malheur, toile réalisée en 1984, qui accueille le visiteur, en est un bon exemple. Un toit en flamme s’effondre tandis que des gnomes roses, des dinosaures de pacotilles grouillent dans une sorte d’apocalypse comique. Juste à côté, Diropolis, toile peinte en 1985, est peuplé de tous les personnages de sa mythologie personnelle forgée dès son adolescence lorsqu’il était un grand lecteur de Spirou et du journal de Tintin. C’est à travers ces magazines que Di Rosa découvre l’image et décide d’en faire son métier.
Un collection compulsif
Hervé Di Rosa collectionne tout depuis toujours : des figurines des paquets de Bonux, des boules de neige, des disques vinyles de rock, des objets en sucre, des effigies des super héros, Goldorak, Pacman… tout ce qu’il baptise « les arts modestes ». De fait, l’appellation vient d’une petite qui, à la sortie d’une exposition a dit « art modeste » à la place d’« art moderne ». Il a fini par créer en 2020 le Musée International des Arts Modeste (MIAM), un endroit à la mesure de cette passion dévorante, plein de poésie, qui parle à tous. Il a représenté à sa manière les arts modestes. Au centre d’une carte pleine de grandes îles nommées art décoratifs, art commercial, art académique… trône l’archipel des arts modestes.
Un tour du monde artistique
Pour son premier voyage en 1993, il travaille en collaboration avec des peintres d’icônes en Bulgarie. Le bonheur est une Tempera à l’œuf et feuille d’or sur bois réalisée à Sofia qui représente une bande de joyeux drilles tout sourire. Il continue son apprentissage auprès de peintres d’enseignes au Ghana, de virtuoses de la nacre au Vietnam, de sculpteur de bronze à la cire perdue au Cameroun… Le périple se poursuit au Bénin, en Éthiopie, à la Réunion, à Séville, au Portugal… Au total, ce seront dix-neuf pays qui seront visités mais ce qui lui importe le plus, ce sont les échanges avec les artistes et artisans locaux. Il a d’ailleurs pris le soin de les nommer dans les cartels de l’exposition. De cette confrontation, sont nées des œuvres très différentes techniquement, mais où l’on retrouve chaque fois, sa «Diromythologie ».
Centre Georges Pompidou jusqu’au 26 août.
Place Georges Pompidou 75004 Paris Tél. : 01 44 78 12 33 – www.centrepompidou.fr