Les animaux parlent, sachons les écouter

Étudier le vivant par le son, c’est la bioacoustique, une science relativement récente. Nicolas Mathevon s’y adonne depuis plus de vingt ans et l’enseigne à l’université de Saint-Étienne. A lire son livre où l’on sent son plaisir du récit, de la transmission et surtout de son métier, on se dit qu’on aimerait bien être son élève. Ses recherches l’ont mené sur tous les continents alors on chemine avec lui à travers le monde dans les biotopes les plus divers à la rencontre d’oiseaux, de reptiles, de mammifères…

La bioacoustique permet de mieux comprendre le comportement des animaux à travers leur communication sonore. Les protocoles consistent d’abord à enregistrer plusieurs individus de la même espèce puis de « poser des questions » aux animaux étudiés en diffusant par exemple un chant d’oiseau dans le territoire d’un autre, soit c’est un oiseau voisin, soit c’est un inconnu. Dans le premier cas, la réaction est cordiale – le propriétaire du territoire se contente de chanter fort pour rappeler que, attention, c’est chez lui. Dans le deuxième cas, l’oiseau se fâche tout rouge, jusqu’à attaquer le haut parleur ! C’est que chaque oiseau a sa signature vocale et qu’ils se reconnaissent donc à la voix.

Cet exemple est simple mais lorsqu’il s’agit de poser des questions à des éléphants de mer sur la banquise, à des crocodiles du Nil ou à des hyiènes, cela se complique. Malgré la richesse de ses expériences, Nicolas Mathevon présente également d’autres recherches qui contribuent à mieux comprendre le langage des animaux, c’est dire la richesse de ce livre que, personnellement, j’ai dévoré.

Les animaux parlent – sachons les écouter par Nicolas Mathevon, éditions HumenSciences, 514 pages, 23 €