La tourterelle des bois est en voyage pour l’Afrique. Cette année, pour la première fois, notre oiseau va enfin pouvoir traverser la France et l’Espagne sans tomber sous les tirs de fusil. Ces deux pays viennent en effet d’interdire la chasse à la tourterelle des bois mais pour un an seulement.
☞ La tourterelle des bois est l’un des oiseaux qui a le plus décliné en Europe. Les scientifiques estiment que sa population a chuté de 80% en près de quarante ans. Au printemps 2021, les observateurs de la ligue de protection des oiseaux postés à la pointe de Grave, en Gironde, ont dénombré l’arrivée de moins de 4 000 tourterelles des bois contre 44 000 au printemps 2004. Les experts qui se penchent sur l’état de santé de ses populations estiment qu’il n’aurait plus fallu tirer la tourterelle des bois en France depuis 2019 mais pour faire plaisir aux chasseurs et les remercier de leurs efforts pour la biodiversité, on leur a laissé un quota d’environ 18 000 oiseaux. Bien sûr, ils replantent des haies et entretiennent les chemins qui favorisent la vie sauvage mais n’est-ce pas contradictoire de continuer à tirer une espèce vulnérable ?
Sa cousine, la tourterelle turque vit près des humains et elle est très familière. C’est elle qu’on voit tout le temps d’autant qu’elle est présente toute l’année. Son roucoulement entêté et assez fort agace parfois notamment lorsqu’elle a la mauvaise idée de s’installer sur une cheminée un matin où on avait prévu faire la grâce matinée. Les tourterelles turques sont arrivées en France dans les années 1950. Leur expansion a été extraordinaire. Capable de se reproduire plusieurs fois par an, de taille supérieure et plus agressive pour défendre son territoire, elles ont de sérieux atouts pour concurrencer leur proche parente. Localement, il peut réellement y avoir une compétition autour d’une source de nourriture agricole. Mais à ce jour, aucune étude n’a démontré un lien étroit avec la diminution des populations de tourterelles des bois.
La tourterelle des bois est une authentique campagnarde, très discrète, qui demeure souvent invisible. Seul son chant, un roucoulement lancinant trahit sa présence. Elle affectionne les milieux ouverts avec des arbres, des haies et des taillis. Elle se nourrit de graines qu’elle préfère picorer sur la plante plutôt qu’au sol. Bien sûr, la disparition de kilomètres de haies et d’une grande partie du bocage alliée à une forte pression de chasse sont parmi les causes principales de la diminution de ses populations. Lorsqu’on a la chance de pouvoir l’observer, on découvre la délicatesse de son plumage et son allure gracieuse et on tombe sous le charme.
Elles reviendront fin avril ou début mai. Lors de la parade nuptiale, le mâle attire la femelle à l’aide de courbettes répétées comme le font beaucoup de Columbidés, vaste famille qui comprends notamment les pigeons. Monsieur gonfle sa poitrine et salue sa partenaire en abaissant le bec. Le couple installe son nid dans un arbuste ou un petit arbre à 1 ou 2 mètres du sol et couvent à tour de rôle pendant deux semaines. Les premiers jours qui suivent la naissance, ils nourrissent leurs bébés avec une substance riche en graisses et en protéines, secrétée par le jabot et nommée « lait de pigeon ». En ce mois de septembre, il se peut encore que vous rencontriez quelques retardataires.
☞ écouter la chronique (6′09″)
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13/09/2021 © Danièle Boone