Le mulot sylvestre est un petit rongeur très commun. Il sort au crépuscule et est actif toute la nuit. Il n’est pas facile à observer. Dommage car avec ses grandes oreilles et ses yeux, deux immenses billes noires très brillantes, il est très mignon. On repère sa présence dans les jardins grâce aux nombreux débris de noisettes ou de noix, qu’il abandonne entre les racines d’un vieil arbre ou bien sous une pierre. Il s’agit en fait de sa salle à manger mais comme il ne débarrasse jamais la table, les déchets s’accumulent et finissent par être repérables.
☞ Glands, noix, noisettes et faines, riche en graisses et protéines, sont une nourriture de choix pour l’hiver. Avant de la déguster, le mulot doit sortir la graine. Il s’installe dans le coin tranquille qu’il s’est choisi, attrape le fruit dans ses pattes de devant, comme l’écureuil qui est aussi un rongeur, mais le mulot l’appuie sur le sol puis il ronge un trou circulaire dans la coque, en faisant tourner la noisette entre ses pattes. Il consomme aussi des fruits, des bulbes, des champignons. Au printemps et en été, il complète ce régime végétarien avec des petits invertébrés, escargots, insectes ou lombrics. Il se nourrit aussi quelquefois des légumes du potager et des fruits du verger, ce qui en fait un mal-aimé des jardiniers pourtant ses dégâts ne sont rien en comparaison de ceux du campagnol.
Très agile, le mulot sylvestre se déplace souvent par bonds et grimpe le long des troncs. Il peut s’installer dans les cavités des arbres et même, quelquefois, dans les nichoirs à 3 ou 4 mètres du sol. Mais en général, il creuse un terrier peu profond avec des chambres spéciales pour y déposer ses provisions et y installer son nid. Celui-ci est constitué de feuilles, de mousse et d’herbes sèches. Il n’est pas vraiment fouisseur et se contente souvent d’aménager les galeries souterraines creusées par un campagnol. 2 à 6 entrées débouchent généralement sous un buisson ou à l’abri d’une pierre. L’hiver, il n’est pas rare que plusieurs individus partagent un nid collectif. A plusieurs, on a plus chaud et on résiste mieux.
Il m’est arrivé de pouvoir en observer un à loisir. Le gourmand s’était fait piéger dans le fût où je range des têtes de tournesols destinées aux oiseaux pour l’hiver. Le petit malin avait trouvé un fabuleux garde manger mais à la fin de l’hiver, j’avais épuisé mon stock et il s’est retrouvé dans le fond, à découvert. Il ne pouvait pas remonter pour s’échapper : les parois étaient bien trop verticales. Après un moment de panique, il s’est mis à m’observer de ses grands yeux noirs. Bref, on s’observait mutuellement. Je suis allée le relâcher auprès de la haie. Il a filé, trop heureux de retrouver la liberté.
Il ne dépasse pas l’âge de 2 ans mais il est très prolifique : 3 ou 4 portées de 4 à 5 petits en moyenne. Vers la fin de l’été, au moment du pic démographique de l’espèce, les densités de populations peuvent atteindre 100 individus à l’hectare. Mais la nature a prévu des prédateurs spécialisés : les chouettes, les faucons, les belettes, les renards. Cette règle peut paraître cruelle mais elle est nécessaire pour l’équilibre naturel. Au printemps, le nombre de mulots aura considérablement diminué.
De fait, si vous laissez faire la nature, il n’y a pas de prolifération. C’est pourquoi il faut laisser vivre tous les prédateurs même le renard et le loup. Dans la nature, tout est lié et chaque maillon de la chaîne alimentaire doit être préservé, sinon c’est le système entier qui est désorganisé. Détruire un de ces maillons, c’est menacer l’ensemble dont nous faisons partie, et tous les scientifiques, sont d’accord : nos trop nombreuses interventions pour se substituer à l’ordre naturel, participe à la crise que nous vivons. Vivre avec la nature et non contre la nature, tel est le mot d’ordre que nous devrions suivre au plus vite.
☞ écouter l’émission…
…
4 décembre 2020 © Danièle Boone
…