Nicolas Hulot s’en va


Nicolas Hulot avait accepté un exercice difficile. J’ai été touchée, très touchée, en écoutant son annonce à la matinale de France Inter. J’ai fait partie des sceptiques lorsqu’il est entré au gouvernement. Sa sortie me réconcilie avec lui. Quelque part, les chasseurs ont eu sa peau ! Lorsqu’on sait l’état de la biodiversité, comment peut-on accepter qu’ils gagnent en augmentant le nombre d’espèces chassées, en s’opposant au moratoire proposé par l’Europe pour protéger  la tourterelle des bois, espèce vulnérable, de leur avidité ! Toute proportion gardée, je siège à la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage du Cher en tant que représentante de Nature 18, et j’ai souvent des hauts le cœur. L’établissement des règles est fait de telle façon qu’on ne peut jamais gagner. Alors, je me sens de tout cœur avec Nicolas Hulot. L’homme rebelle, l’homme intègre ne pouvait plus se regarder dans un miroir. Cette réunion avec les chasseurs a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase mais pas n’importe quelle goutte d’eau. Leur arrogance, leur pouvoir sont inadmissibles. Pour qui se prennent-ils, eux qui prétendent gérer la nature et œuvrer pour la biodiversité ? Quelle prétention ! Comment peuvent-ils être écoutés ?

☞ En regardant en podcast l’émission de France Inter, j’ai retrouvé le Nicolas Hulot qui m’avait impressionnée lorsque je l’avais interviewé il y a une vingtaine d’années, celui qui n’a rien à perdre sauf son estime de soi. Alors, il a choisi. Douloureusement mais fermement. J’avoue que j’avais douté de lui à cause de sa complicité avec tous les politiques depuis Chirac. Je le retrouve, intègre. Il dit ce pour quoi il s’est battu, la fin du nucléaire, l’abandon de l’agriculture industrielle  au profit d’une agriculture saine (visiblement son désaccord avec Stéphane Travert – le bien nommé ? – a été très difficile à vivre), la préservation de la biodiversité, etc. Il a essayé d’accepter les « petits pas », mais il y a un moment où les compromissions ne sont plus possibles. « Je me suis surpris, par lassitude, à baisser les bras » a-t-il avoué. Mais aujourd’hui, il sait que, si il continuait, il y perdrait son âme. Et je lui dit « bravo » parce que c’est sûr, les chiens vont le lapider.

Et vous, Mr Macron, jeune par l’âge mais vieux par l’esprit, allez vous finir par endosser le rôle dont vous rêvez sans aucun doute : un vrai président porteur d’avenir ?


28/08/2018 © Danièle Boone