En ce moment, les pics tambourinent. lorsqu’on se promène, si on ne connait pas, on ne peut que ce demander qu’elle est cette salve rapide et sonore qui raisonne dans la campagne et les bois. De fait, ces oiseaux la produisent tout à fait intentionnellement contre un tronc sec, une branche morte ou parfois un poteau ou une pièce de métal. Ces percussionnistes hors pair, signalent ainsi leur présence à leurs rivaux et… à leur belle car la drague chez les pics se fait au roulement de tambour.
☞ Pour résister à ces chocs répétés, intenses et rapides, 10 à 16 coups en un peu plus d’une demie seconde, répétés jusqu’à 600 fois par jour, le pic épeiche possède un crâne et un bec renforcés. Son cerveau, étroitement « emballé » dans la boîte crânienne, ne risque pas d’être balloté. Les scientifiques se sont d’ailleurs inspiré de cette morphologie pour les casques de protection.
Il y a aussi leur manière très étudiée de tambouriner. Avant de frapper, le pic tape d’abord deux petits coups; de la même façon qu’un bûcheron, comme pour aligner son outil. Qu’il tambourine ou qu’il creuse, la tête du pic suit une trajectoire presque rectiligne évitant tout mouvement de rotation, les plus dangereux. Plus étonnant encore, sa langue qui entoure tout le crâne par l’arrière pourrait bien jouer elle aussi un rôle d’amortisseur.
Cette langue des pics est un outil de haute précision. Les pics se nourrissent, entre autres, de larves d’insectes qu’ils vont dénicher sous l’écorce des arbres malades ou affaibli. Ils déroulent leur langue véritablement extensible pour déloger les insectes de leur cachette. Ils peuvent la projeter à au moins 4 cm au delà de la pointe du bec. En plus, elle est munie de barbes acérées couverte de salive gluante. Alors en un instant, ils empalent leur proie, la ramène vers eux et l’avale. Puis cette langue se replie dans un tube qui s’enroule donc autour du crâne et s’insère dans le front.
Le pic épeiche est le plus commun de tous les pics. C’est un bel oiseau noir, blanc, marqué de rouge un peu plus gros qu’un merle. Le mâle se reconnaît à sa tache rouge sur la nuque. Le pic épeiche vit partout où il y a des arbres. Vous avez peut-être le privilège d’en avoir un qui fréquente votre mangeoire. Si vous l’observer, vous verrez qu’il utilise sa queue rigide pour coincer les boules de graisses et s’en délecter. Elle lui sert de point d’appui au repos et de ressort propulseur dans ses bonds vers le haut ou vers le bas pour ses déplacements dans les arbres.
A l’automne, le pic épeiche se nourrit aussi de graines et de noix. Signe d’intelligence, il sait se construire des enclumes pour les caler afin de pouvoir les ouvrir avec son bec. Des scientifiques ont fait des expériences en laboratoire qui ont montré que ces oiseaux étaient capable de faire des exercices précis notamment pour demander diverses friandises. Ils comprennent parfaitement les codes à émettre pour obtenir celles qu’ils souhaitent.
Les pics creusent des loges dans les arbres fragilisés ou malade. Ils s’y abritent pour la nuit et surtout y élèvent leur petits. Comme la nature est écolo et que tout y est recyclé, elles sont ensuite réutilisées par des oiseaux cavernicoles qui, eux, ne peuvent pas les creuser. Chaque pic (noir, épeiche, mar, épeichette, etc.) creuse une loge spécifique à leur taille. C’est ainsi que la chouette de Tenglmam s’installe dans les anciennes loges de pics noirs tandis que la petite chevêchette recherche celle des pics épeiches.
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11/02/2017 © Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte et des photos est soumise à autorisation.