Paysans de nature » est un réseau de paysans né en Vendée, à l’initiative de la Ligue de protection des oiseaux (LPO-Vendée). Il regroupe des éleveurs, des paludiers, des arboriculteurs, des vignerons, des paysans-boulanger, des maraîchers… qui ont choisi de préserver et de favoriser la biodiversité sauvage donc, de faire de leur exploitation une réserve naturelle. Pour cette émission nous avons rencontré Frédéric Signoret, vice-président de la LPO Pays de la Loire et paysan et fondateur du réseau « Paysans de nature ». Il était venu au Carrouège, écolieu au carrefour de Vauclaix (58), pour présenter le réseau. Nous avons rencontré également, sur leur ferme, Marion Baranton et Jérôme Boulanger, éleveurs à La Rochemillay dans le Morvan.
☞ Frédéric Signoret est originaire du Cher. Il a travaillé pendant 10 ans à la LPO Vendée avant de devenir éleveur de vaches maraîchines dans le Marais Breton. Il vit bien de son activité à la ferme qui permet de rémunérer 3 personnes. Il a choisi la vente directe parce qu’ainsi, « on garde la valeur ajoutée chez soi par rapport aux ventes de filières où la valeur ajoutée est chez les transformateurs et les distributeurs. Du coup, on est moins tendu sur la productivité à l’hectare ». Et cela permet d’avoir plus de latitude pour laisser de la place à la nature.
Frédéric et ses associés inondent volontairement leur prairies de marais, un enjeu majeur pour un certain nombre de plantes protégées, d’amphibiens comme le triton crêté, le pélodyte ponctué, très nombreux dans la ferme. « Il y a aussi beaucoup de limicoles nicheurs notamment la barge à queue noire – on s’appelle le Gaec La Barge – qui est une espèce menacée à l’échelle européenne. On a entre 10 et 20 % de la population nationale sur notre ferme, un résultat sur la biodiversité digne d’une réserve naturelle ».
Ilan, le bébé dont le prénom en hébreu signifie « arbre » connaît déjà bien les animaux et réciproquement. Ses parents, passionnés de botanique, sont particulièrement attentif au végétal. Les troupeaux changent de pâture tous les trois jours pour préserver la qualité de la prairie naturelle. Leur travail pour favoriser la biodiversité végétale a été récompensée : l’année dernière ils ont découvert une dizaine d’orchis brûlées. Cette année, il y en avait 150 ! A côté, sont apparues d’autres orchidées, des Orchis bouffon. Un vrai bonheur !
Chez Marion et Jérôme qui ont, eux aussi, choisi la vente directe, le bien-être animal n’est pas seulement une expression. Chaque vache a son nom et est respectée en tant qu’être vivant et sensible. Iris, vache maraîchine née dans une touffe d’Iris du marais Poitevin, est totalement apprivoisée. Elle adore les câlins et les bisous et en redemande.
Nos paysans de nature font également vieillir les vaches parce que c’est cohérent d’un point de vue économique. Dans les systèmes modernes, une vache allaitante est réformée à 8 ans parce qu’ensuite, elle ne correspond plus aux standards de l’industrie alors qu’elle est encore tout à fait productive et qu’elle peut encore vivre de longues années heureuse donc eux, gardent leurs bêtes jusqu’à 12, 13, 14 ans parfois même plus.
Frédéric, Marion, Jérôme et tous les « paysans de nature » démontrent que pratiquer une agriculture paysanne économiquement viable et respectueuse des animaux domestiques et de la nature sauvage est possible.
Un livre pour aller plus loin :
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Paysans de nature – réconcilier l’agriculture et la vie sauvage par Perrine Dulac et Frédéric Signoret.
Éditions Delachaux et Niestlé, 192 pages, 29,90 €
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