Que sont devenus les animaux de l’Ancienne Égypte ?

Qu’elle est belle cette chouette gravée pour l’éternité dans la pierre du temple de la reine Hapchetsout à Deir el-Bahari non loin de Louxor et de la vallée des rois. Elle n’a pas échappé à l’œil pointu de Philippe Huet qui, avec Marie, sa femme, a arpenté l’Égypte des temples. En découvrant ces images à Ménigoute, Laurent Arthur et Michèle Lemaire, les conservateurs du Muséum d’Histoire naturelle de Bourges ont été conquis et ont souhaité les exposer. Voilà chose faite mais une exposition au Muséum se devait d’avoir une dimension naturaliste. Le pari a été relevé tout simplement en répondant à la question, que sont-ils devenus?

☞ Quelques voiles évoquent le ballet des felouques à la tombée du jour autour de l’île éléphantine à Assouan. C’est dans cette ambiance du grand fleuve que l’on découvre douze des animaux mythiques de l’Ancienne Égypte à commencer par le chat, animal associé à Bastet, déesse de la musique et de la joie, protectrice du foyer et des naissances. Felis Silvestris catus serait l’ancêtre de nos chats domestiques. Il est toujours présent dans la vallée du Nil ainsi qu’un autre chat sauvage, le chat des marais. Puis vient le chacal doré très répandu encore aujourd’hui. En 2011, des scientifiques ont découvert la présence d’un loup gris qui avait été jusqu’alors confondu avec le chacal. Pourtant, les deux espèces ont des mœurs différentes. Le loup est un peu plus grand, beaucoup plus discret et, au contraire du chacal, il vit en meute. Alors, Annubis, le dieu des morts, est-il mi homme mi chacal ou mi homme mi loup? Impossible de ne pas citer le scarabée sacré, Kheper aegyptorum, aux reflets métalliques dont on peut admirer un spécimen magnifique. Ce côté irisé lui octroie une magie incontestable  en comparaison des autres scarabées.

Le visiteur découvre ainsi les animaux eux-mêmes, venus des collections du Muséum ou sous forme de moulages, par exemple le cobra, mais aussi des représentations d’animaux, statuettes de Bastet par exemple, issus de collections d’objets d’égyptologie prêtés par des musées partenaires. Petite par la taille mais très variée, l’exposition fourmille d’informations d’hier, la déesse Serket était sensée guérir les maladies, les piqûres de scorpions et les morsures de serpents, du coup, les médecins de l’Ancienne Égypte étaient qualifiés de « maîtres des scorpions » aussi bien que d’informations très contemporaines voire locale. L’Ibis sacré associé à Thot, dieu de la sagesse et des sciences, dont on peut admirer un spécimen naturalisé, est aujourd’hui considéré comme une espèce gênante, voire envahissante, dans l’Ouest de la France depuis que des individus se sont échappés d’un parc animalier et se sont parfaitement adaptés. Ils attaqueraient les sternes et surtout les guifettes noires, espèces protégées.

Vous l’avez compris, j’ai beaucoup aimé cette exposition. J’y ai entraîné une amie pas du tout naturaliste qui, finalement, n’en a pas perdu une miette, preuve qu’elle est accessible à tous. Ne la ratez pas.

Muséum d’histoire naturelle de Bourges jusqu’au 31 août ☞ www.museum-bourges.net

A lire:
L’animal dans l’Égypte ancienne par Philippe et Marie Huet, préface d’Alain Zivie, Éditions Hesse, 32 € ☞ plus d’infos

20/03/2015 © Danièle Boone