Les vacances écologiques, c’est tendance. L’opportunisme vert chez les voyagistes pointait déjà depuis pas mal de temps mais là, c’est carrément le rush. Au salon du Tourisme* (MAP) et au salon de la Randonnée* devenu Destinations Nature – un changement de nom significatif de l’état d’esprit général – les faiseurs de voyages ont tous sorti de leur besace des « produits respectueux de l’environnement ». Visit France leur a même dédié un catalogue intitulé « Voyage en écologie » imprimé sur papier recyclé naturellement. Le principe : se rendre sur place uniquement en train puis, s’adonner à la marche accompagnée ou non d’un âne, tout en logeant dans des hébergements écologiquement corrects ayant recours aux énergies renouvelables et attentifs à l’eau et, en se nourrissant bio.
Le hic, c’est que parfois, pour approcher de cet idéal, on a besoin d’une automobile. Qu’à cela ne tienne, le loueur Hertz, partenaire de l’opération, propose des véhicules non polluants (sic). Le hic, encore, c’est que ces voitures vertes ne sont disponibles que dans la catégorie D donc plus chères. Bref, on l’aura compris, la cible des tours operators est plutôt haut de gamme et leur principale question est de savoir comment toucher tous les bobos de la planète, prêts à débourser un peu plus pour dormir dans un lieu « simple et confortable » au cœur d’une nature « sauvage » de préférence ? L’écolodge est la réponse parfaite pour ces robinsonnades chics. Ils fleurissent partout sur la planète y compris sur les îles récemment encore désertes ou au cœur de la jungle pour voir les animaux au plus près. Chez nous, la cabane sur la cime d’un arbre ou l’hôtel de glaise troglodyte provoquent les grands frissons des amoureux du « vrai » venus se ressourcer le temps d’un week-end. Les puristes crient au sacrilège, mais les professionnels du tourisme qui ont flairé le boom du tout beau, tout bio, tout écolo, se frottent les mains. Heureusement, même si nos terrains de prédilection sont de plus en plus convoités comme nouvelle manne de l’industrie touristique, beaucoup d’acteurs de l’écotourisme sont sincères. Alors rien ne nous empêche de continuer à nous concocter nos séjours en chambres d’hôte, gîtes ou camping à la ferme, à notre rythme, loin des modes et des propositions mercantiles. C’est notre liberté de consommateur à user sans modération.
* Le MAP a eu lieu du 13 au 17 mars 2008 et Destinations Nature, du 28 au 30 mars 2008.
Cet édito est paru sur le site des JNE (Association des journalistes et écrivains pour la nature et l’écologie)
08/04/2008 © Danièle Boone
Sans compter les impacts néfastes du tourisme traditionnel sur les populations autochtones ! Le tourisme vert peut-il être une solution ? Voir à ce sujet l’article paru sur Novethic.fr “Touristes et Autochtones font-ils bon ménage ?”
https://blebelly.wordpress.com/2009/08/20/tourisme-responsable-quels-enjeux/