Loup et pastoralisme

Alexandre Garon, écovolontaire

La chèvre de Monsieur Seguin, vous connaissez? A la fin de l’histoire, elle est dévorée par le loup. Et bien, dans le Mercantour, les chèvres de Jean-Claude et Hugues sont encore dévorées par le loup… Alors comment faire pour cohabiter avec le prédateur? Depuis quatre ans, Life COEX tente d’aider les éleveurs à trouver des solutions: chiens de protection, clôtures, écovolontaires comme Alexandre, Loïc ou Jean-Marc pour surveiller le troupeau…

Un chien patou protège le troupeau de chèvres de Jean-Claude et Hugues

Comment cohabiter avec les grands prédateurs, loup et ours? Une question qui taraude aussi bien les éleveurs que les protecteurs de la nature. Il y a quatre ans, le WWF, en partenariat avec le FIEP, FERUS, la Pastorale Pyrénéenne* et Pays de l’Ours-Adet, a mis en place Life COEX. Financé en grande partie par l’Union Européenne, ce programme a pour but d’améliorer la coexistence entre les grands prédateurs et les activités humaines en développant les conditions légales et socio-économiques susceptibles d’atténuer les situations de conflit, en particulier avec les professionnels de l’élevage.

La gravité des dommages dépend assurément de l’exposition du bétail et la prédation peut être réduite par des méthodes de prévention, de fait, pas du tout nouvelles mais qui avaient été délaissées avec la désertion des grands carnivores. L’enjeu du Life COEX a donc été de les remettre au goût du jour en proposant des actions concrètes pour aider bergers et éleveurs notamment en leur fournissant des patous, chiens de protection originaires des Pyrénées qui restent en permanence avec le troupeau.

PatouLe patou a l’air d’un bon gros chien mais attention, si vous le rencontrez lors de vos promenades montagnardes, n’approchez surtout pas. Il pourrait croire que vous voulez attaquer son troupeau. De fait, depuis son plus jeune âge, il vit au milieu des moutons ou des chèvres alors, les protéger, c’est comme un sixième sens chez lui…

Une autre aide est apportée aux éleveurs à travers le programme Pastoraloup. Afin de réduire les dommages sur les animaux domestiques, des bénévoles renforcent la présence humaine auprès du cheptel et participent aux divers travaux pastoraux nécessités par la présence du Loup comme la pose de clôture par exemple.

Alexandre Garon, écovolontaireEtudiant à l’IER (Ingéniérie de l’Espace Rural) cherchant un stage, Alexandre Garon a contacté Pastoraloup. Le voilà embauché pour deux mois avec notamment des missions auprès des éleveurs. Il a passé deux semaines en juin chez Jean-Claude et Hugues, éleveurs et producteurs de fromage. Alexandre a non seulement surveillé les chèvres mais il a aidé à la traite manuelle – c’est pas facile! – ainsi qu’à la production des fromages. Après un séjour dans les Pyrénées à découvrir la problématique liée à l’ours. Il se prépare à rejoindre à nouveau l’estive pour la surveillance de nuit d’un troupeau de moutons.blancblancblanc
Loïc Coquel, écovolontaireLoïc Coquel, étudiant en licence d’aménagement du territoire rural désireux d’aider, « préfère donner son temps plutôt que de l’argent ». Pour l’instant, la vie à la ferme correspond à l’idée qu’il s’en était fait mais il se montre sagement réservé: « je ne suis là que depuis trois jours! » Lorsque le patou aboie, il dresse l’oreille. Le loup a attaqué, il y a trois semaines: deux chevreaux croqués et un troisième blessé. Alors? Non, cette fois, c’est une biche ou un renard… Il espère bien n’avoir que de fausses alertes!

Etre écovolontaire, c’est participer activement à la protection de la nature. Une façon de donner mais aussi de recevoir. Jean-Marc Delfino, professeur de mathématique à Nice, est venu aider Jean-Claude et Hugues via Pastoraloup, il y a quatre ans. « Pendant ces deux semaines, j’ai découvert une autre façon de vivre à deux pas de chez moi. Alors, j’ai décidé de revenir deux à trois semaines chaque année. »

Patou et chèvres

Pour être écovolontaire, il faut être âgé de dix-huit ans au moins. Dans l’autre sens, il n’y a pas de limite d’âge. Aucune compétence particulière n’est requise mais il faut savoir travailler en équipe et être en bonne condition physique pour participer aux activités. L’année dernière, une bonne soixantaine de volontaires sont venus pour assiter les bergers des Alpes dans le cadre de Pastoraloup. C’est pas mal, mais on peut encore mieux faire. N’hésitez pas à franchir le pas. Vous serez le bienvenu.

Life COEX s’achève début septembre mais le gouvernement et les associations locales impliquées vont poursuivre sur cette belle lancée. « Le but était de montrer que la coexistence avec le loup et l’ours est possible en se donnant les moyens », explique Annette Mertens, coordinatrice internationale du programme Life COEX. Lorsque le loup est arrivé dans le Mercantour en 1993, les éleveurs étaient unanimes. La seule solution qui leur semblait possible: l’extermination! Aujourd’hui, même si les détracteurs du loup restent nombreux, sa présence n’est plus remise en question .

Les partenaires Life Coex:
FERUS: l’association née de la fusion d’Artus et du Group Loup France œuvre pour la conservation des grands prédateurs en France.
FIEP: le Fonds d’Intervention Eco-Pastoral Groupe Ours Pyrénées est une association de protection de la nature qui a pour but le maintien de l’exploitation pastorale et de l’écosystème pyrénéen.
La Pastorale Pyrénéenne regroupe éleveurs, bergers et apiculteurs. L’association encourage le gardiennage des troupeaux, la mise en place de parcs de nuit et l’utilisation des chiens de protection Patou. Maison des associations – 09220 Vicdessos Tel : 06 79 47 86 88 E-mail
Pays de l’Ours-Adet: Association pour le développement durable des Pyrénées.
WWF: organisation indépendante de protection de l’environnement.

Pour en savoir encore plus: www.loup.org

Fromagerie de la Roria
Jean-Claude Fabre et Hugues Fanouillère vendent leurs fromages en direct. N’hésitez pas à vous arrêter chez eux. Tome de chèvre, de vache et fromages frais sont délicieux et à des prix tout à fait raisonnable.
Hameau de la Blache, 06660 Saint-Etienne de Tinée
Tél.: 04 93 02 18 14

© Danièle Boone – Toute utilisation même partielle du texte ou des photos est soumise à autorisation

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4 réflexions sur « Loup et pastoralisme »

  1. Bonjour, je suis une passionnée de la montagne. Je passe bien souvent mes vacances en randonnée avec mon mari, le plus souvent en Savoie ou haute Savoie. J’aimerai faire partie en tant que bénévole, pour aider à la protection des troupeaux de chèvres ou de moutons, découvrir la traite, la fabrication du fromage, la vie en montagne avec les troupeaux. Je suis libre tous les mois d’août, pendant + ou – trois semaines. Si vous souhaitez me recevoir, n’hésitez pas à me contacter. Cela fait trè longtemps que je recherche cette expérience. Pour info, je ne suis pas une gamine, j’ai les pieds sur terre et j’adore la nature et le calme. Pour moi, la montagne m’apporte la sérénité, le repos, chaque endroit est différent et magnifique.
    ——————————————————————————————–
    Je ne suis qu’une simple passeuse d’informations.
    Vous devez contacter:
    FERUS / GLF
    BP 114
    13718 Allauch Cedex
    Tel / fax : 04-91-05-05-46
    secretariat.ferus@orange.fr

  2. Les écologistes Turcs estiment que le chien de garde est leur allié dans la protection ….. des loups ! Le Kangal , chien d’une taille respectable, parfois impressionnante, et qui a , lui aussi, l’air gentil et doux, est une race d’origine très ancienne; on dit qu’elle pourrait provenir des chiens de guerre des armées assyriennes …… ; les bergers et les éleveurs de moutons, pour protéger leurs troupeaux des attaques de loups (isolés ou en meute), leur jettent parfois des morceaux de viande empoisonnée, causant la mort inévitable de ces prédateurs ; dans certaines régions, la destruction des loups prend des proportions alarmantes; le Kangal, parce qu’il ne craint pas le loup, qu’il est capable battre avec lui et, lorsqu’il s’agit d’individus isolés, qui peut le vaincre, représente une protection pour la survie des loups car lorsqu’il y a des Kangals dans le troupeau, point n’est besoin de jeter de la viande empoisonnée.
    L’ONU a encouragé un éleveur de la région d’Ankara , Mr Onur, qui dispose d’un troupeau d’une cinquantaine de kangals pour la reproduction.

  3. Bonjour,
    Pour répondre à Mamie Dany, avec les ânes, ce ne sont pas les braiments qui chassent les loups, mais les risques de coups de pattes et/ou de dents…

  4. J’avais lu quelque part – mais je n’ai pas vérifié- que certains éleveurs avaient un âne dans leur troupeau et que le braiment éloignait les loups (?)

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