La disparition de Pierre Rabhi me rend très triste. C’est une lumière qui s’est éteinte, un sage diront sans doute certains. Les voix singulières comme la sienne sont précieuses surtout dans les temps troubles que nous vivons. Il savait trouver les images pour faire passer les messages, le colibri bien sûr qui a, depuis, été réutilisé à toutes les sauces, mais aussi la sobriété heureuse. C’est tellement plus beau que la décroissance. La joie, le bonheur, faisaient partie de ses quêtes. Vivre avec moins, en harmonie avec soi-même et la nature, rend en effet mille fois plus heureux que l’avidité et le toujours plus.
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L’agroécologie de Pierre Rabhi
Dans ce petit livre d’entretien, Pierre Rabhi rappelle inlassablement ses convictions étayées par sa pratique : oui, l’agroécologie peut nourrir le monde. « En redonnant au paysan la responsabilité d’observer le vivant et de chercher des pratiques harmonieuses avec les dynamiques naturelles, l’agroécologie lui restitue son rôle de chercheur et d’inventeur. »
Jacques Caplat, agronome et ethnologue, issu d’une famille de paysan, est lui-même très engagé pour le maintien d’une agriculture paysanne. L’échange entre ces deux hommes de convictions est clair, limpide mais aussi hyper lucide.
Pierre Rabhi a réussi à convaincre beaucoup de monde y compris des politiques et autres décideurs cependant, il n’est pas dupe « des volontés de récupération ou du double langage de certains, et il faut y prendre garde pour ne pas les laisser détourner un beau courant d’eau vive vers une mare obstruée ». Mais il sait aussi qu’en reconnaissant l’agroécologie, « ils justifient et valorisent le travail admirable de milliers de paysans et ils leur offrent l’énergie mentale nécessaire pour persévérer et amplifier leur œuvre ».
L’agroécologie, une éthique de vie, Actes sud, 8 €
Au nom de la terre avec Pierre Rabhi
Voilà un film incontournable pour tous ceux qui aiment la nature ou qui ont l’âme écologiste. Du Sahara algérien où il est né à l’Ardèche, son pays d’adoption, Pierre Rabhi a suivi sa voie. Imperturbablement. A 75 ans, il est célèbre pour ses paroles libres et surtout son action, une « résistance tranquille » contre une « société de la frénésie qui a donné à l’argent les pleins pouvoirs ». En effet, il ne « croit pas à la lutte dans les éclats de la colère ».
Parce qu’il y a « des lois intangibles » et que « vouloir transgresser les lois de la nature, c’est se condamner à mort », Pierre Rabhi prône l’agroécologie, « cette pratique qui, comme l’explique Edgar Morin, dépasse le simple traitement bio de la terre, des animaux et des végétaux pour s’inscrire dans la création ou la recréation du système où nous vivons en respectant son organisation éco-systémique complexe, manifestation spontanée de la biodiversité. »
De plus en plus de gens ont envie de faire bouger le monde mais souvent, ils se sentent impuissants et baissent les bras. Pourtant, chacun d’entre nous, peut comme Pierre Rabhi, résister sans éclat de voix contre « un modèle défaillant, celui du productivisme agricole » qui produit de la mort. Les scandales alimentaires qui se succèdent sont la partie immergée de l’iceberg. Pour cela, il suffit de choisir de consommer local. Si chacun d’entre nous, s’y contraignait, l’humanité ferait un bond de géant en avant. Et puis, bien sûr, tous ceux qui ont la chance d’avoir un jardin, une terrasse ou un balcon, peuvent transformer leur petit coin de nature en un mini paradis pour la biodiversité en bannissant tous les produits chimiques, des biocides, tueurs de vie. Une fois sur le chemin, on se rend très vite compte que tous les « indispensables » vantés par la publicité ne servent à rien. La liberté est là, le bonheur aussi.
☞ Au nom de la terre, documentaire réalisé par Marie-Dominique Dhelsing, est au cinéma ce mercredi 27 mars.
☞ Kaysen, hors série spécial Pierre Rabhi, 132 pages sans publicité.
A lire sur ce blog
☞ Ma rencontre avec Pierre Rabhi
☞ Pierre Rabhi, parole de terre
Les moissons de Marie-Monique Robin
La nouvelle enquête de Marie-Monique Robin, Les moissons du futur, sera diffusée sur Arte ce mardi 16 octobre. A ne rater sur aucun prétexte. Après avoir dénoncer de manière implacable les méfaits de l’industrie sur l’alimentation et la santé dans Le monde selon Monsanto et Notre Poison quotidien, la journaliste s’est intéressée aux solutions.
En février 2011, explique Marie-Monique Robin, sur le plateau du magazine Mots croisés, je me suis trouvée face au ministre Bruno Le Maire et à Jean-René Buisson, président de l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire qui affirmait, chiffres à l’appui, qu’on ne pourrait jamais nourrir le monde sans pesticides. Deux semaines plus tard, je filmais à Genève Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, qui m’expliquait tout le contraire. Selon lui, seule l’agroécologie peut aujourd’hui résoudre le problème de la faim. Les moissons du futur est né de cette contradiction.
Cette fois, la journaliste a réuni des preuves non pas contre mais pour, dans une enquête de deux ans à travers le monde : Kenya, Sénégal, Mexique, Brésil, Etats-Unis, Allemagne, Japon… Sa conclusion : oui, l’agriculture biologique et l’agroécologie peut nourrir le monde. Mais alors qu’est qu’on attend ? Une décision politique. Espérons donc que la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), annoncée pour 2014, aille dans ce sens.
Les moissons du futur de Marie-Monique Robin – Arte mardi 16 octobre à 16h55 et 20h50. Rediffusions : le 20 à 15h40 et le 30 à 10h35
A lire : Les Moissons du futur. Comment l’agroécologie peut nourrir le monde, coéd. Arte éditions/La Découverte, 224 pages, 19,90€
Le DVD Arte éditions, 15€, sera disponible à partir du 24 octobre.
☞ Le blog de Marie-Monique Robin
© Danièle Boone
Pierre Rabhi: parole de terre
Connaissez-vous Pierre Rabhi? Non. Alors il faut vite lire Parole de Terre (en poche chez Albin Michel). Ce livre en forme de conte africain est d’une évidence limpide et, lorsqu’on le referme, on n’est plus tout à fait le même. Tyemoro, son héros, parle de la terre, de notre rapport au vivant et de la folie qui s’est emparée des hommes du XXe siècle. La surabondance n’est-elle pas contraire à la raison et n’exposons-nous pas la terre à dilapider son lait comme une nourrice folle? demande Tyemoro.
Ce samedi 12 avril, Pierre Rabhi était le “grand témoin” d’une rencontre autour de l’agro-écologie organisée par Nature & Découverte et Terre Sauvage.