La fondation Cartier accueille Fabrice Hyper jusqu’au 30 avril, le temps d’une exposition, à la fois ludique et riche de sens, propice à l’interrogation. L’artiste, académicien depuis 2018, est aussi un homme de la nature. Fils de paysan, il n’a pas supporté que les terres de son enfance risquent d’être polluées par l’agriculture conventionnelle. Qu’à ne cela tienne, il se débrouille et rachète soixante-dix hectares avec l’idée de planter une forêt. Mille arbres sont installés. C’est un échec. Pourquoi ne pas semer ? Le pari est fou.? Pas du tout. C’est comme de la régénération naturelle quelque peu aidée. Trois millions de graines sont semées selon une technique mise au point avec son père. Vingt cinq ans plus tard, c’est une vraie forêt, encore jeune, certes mais en pleine forme et riche d’une incroyable biodiversité. Elle compte environ cent mille arbres : des pins, des feuillus, des arbres fruitiers qui se renforcent les uns les autres et qui favorisent une biodiversité d’animaux, d’insectes, de végétaux, de champignons… La Vallée où se trouve cette forêt est devenue un lieu d’inspiration comme en témoigne cette exposition qui rassemble une soixantaine de toiles.
Nature Nièvre : le chat forestier
Si vous faites une balade en fin d’après midi, tendez bien l’oreille. Il se pourrait que vous entendiez des miaulements rauques et des feulements plus doux. C’est la saison des amours chez les chats forestiers. Et si vous avez beaucoup de chance, peut-être pourrez vous même les observer. Tout occupés à se séduire, ils oublient quelque peu leur discrétion légendaire.
Pelage gris clair très peu rayé avec souvent une petite tache blanche sous la gorge, ligne dorsale noire bien visible qui court le long du dos, queue très touffue, cerclée d’anneaux sombres, se termine par un manchon noir, le chat forestier est bien reconnaissable. Mais évidemment, si la vision est trop furtive, on peut facilement le confondre avec un chat haret, c’est à dire un chat domestique redevenu sauvage.
Quelle est la différence vous demandez vous entre un chat sauvage et un chat redevenu sauvage ? C’est génétique. Notre matou domestique est issu du chat ganté d’Afrique qui a sans doute été domestiqué pour la première fois en Egypte alors que le chat forestier est un vrai européen, originaire de nos contrées. Il s’agit donc de deux sous-espèces bien distinctes.
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Arnaques, dragues et botanique
Xavier Mathias, jardinier érudit, dresse ici les portraits de plantes étonnantes ou encore « bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange ! » pour reprendre les termes de Jacques Prévert ! L’aristoche siphon ou pipe des hollandais, la cuscute ou cheveux du diable ou encore le trichosanthes ou courge serpent font partie de ces VIP botaniques. Xavier nous raconte leur histoire avec truculence comme il sait si bien le faire. Petit exemple à propos du « Peter’s pepper » surnommé parfois « piment pénis » : « Nous avons affaire à un exemple de fruit humilié quotidiennement, déconsidéré, moqué, et traité au sens propre, osons le dire et pardonnez moi d’être aussi direct, de tête de nœud. Ni plus ni moins. »
On reste cependant sérieux. Chaque plante a sa fiche botanique : nom latin, famille, durée de vie, semis, fructification et utilisation. Et c’est là que revient la poésie. En effet, si beaucoup d’entre elles sont comestibles, certaines sont là uniquement pour « se régaler avec les yeux », « nous amuser » ou encore « pour nous émerveiller, nous faire réfléchir, nous refléter »! Le livre est magnifiquement illustré par Mathilde Magnan. Les dernières pages expliquent le titre en images sous forme de mini BD. Un bien joli livre très poétique à offrir sans modération à tous les amoureux des plantes potagères et autres.
Arnaques, dragues et botanique – Imagier de plantes incongrues
par Xavier Mathias. Illustrations Mathilde Magnan,
Éditions Terre vivante, 96 pages, 19 € – www.terrevivante.org
Sangliers – Géographies d’un animal politique
D’animal sauvage, le sanglier est devenu animal cynégétique, nous expliquent Raphaël Mathevert et Roméo Bondon, les auteurs d’un livre sur « la bête noire » paru aux éditions Actes sud, dans la très intéressante collection « Monde sauvage ».
Ce changement de statut remonte aux années 1970. La responsabilité des chasseurs ne fait aucun doute. Lorsque le petit gibier (perdrix, lièvres, lapins) a commencé à disparaître à cause de l’agriculture industrielle et l’utilisation massive des pesticides, il était urgent de proposer aux chasseurs potentiels du gibier à tirer. Pourquoi pas du gros, sangliers et cervidés ?
L’idée a fait son chemin et tout a été fait pour que ce gros gibier se multiplie. La réussite a été au-delà de leurs espérances puisque, aujourd’hui, le « cochon » est partout. L’évolution du nombre des animaux abattus annuellement sur l’ensemble du territoire est significative : 35 000 individus au début des années 1970, 800 000 en 2020 « soit une multiplication par 23 en cinquante ans », soulignent les auteurs. Une augmentation qui pose question d’autant qu’une telle évolution est tellement « contraire aux tendances observées pour la plupart des espèces sauvages aujourd’hui. »
Sangliers – Géographies d’un animal politique, par Raphaël Mathevert et Roméo Bondon, Éditions Actes Sud – Monde sauvage, 208 pages, 22€ – www.actes-sud.fr
Nature Nièvre : le fuligule morillon
Les ornithologues se préparent au Wetland, le grand comptage international des oiseaux d’oiseaux qui aura lieu le week-end des 14 et 15 janvier 2023. Le fuligule morillon, joli petit canard tout en rondeur, noir avec le ventre, les flancs et le dessous des ailes blancs, est l’un de ceux qui s’invitent chez nous en hiver. Appartenant à la famille des canards plongeurs, le fuligule morillon s’alimente à plusieurs mètres de profondeur. Capable d’apnée de 10 à 20 secondes, il se nourrit principalement de mollusques et d’insectes aquatiques.
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